Le Festival international de programmes audiovisuels (FIPA) a inscrit pour sa 31e édition à Biarritz un programme spécial intitulé « Focus Israël ».
Ce programme semble directement dicté par la Hasbara israélienne (ministère de la propagande). Il s’agit de montrer un Israël qui ressemble au pays ordinaire de tout un chacun, avec ses histoires d’amour, ses problèmes de voisinages, un pays normal en quelque sorte. Une programmation donc, dont le premier objectif est de masquer la politique brutale d’occupation, de colonisation et d’apartheid du régime israélien, et de donner une image démocratique et présentable de ce régime.
Une programmation qui témoigne en tous cas d’un immense mépris pour les Palestiniens, qui ne sont présentés (quand ils le sont) dans ce festival que comme des terroristes, à travers notamment la série israélienne « Fauda ». Une série dénoncée par le militant israélien Miko Peled comme faisant « partie de la machine bien huilée des relations publiques d’Israël, qui sait comment transformer la brutalité israélienne en images sexy et héroïques.»
Une tel point de vue, partisan de l’oppresseur et éradicateur de l’opprimé, ne pouvait qu’entraîner la sélection scandaleuse du film « The Patriot » à la gloire d’un hacker terroriste franco-israélien, Gregory Chelli – dit Ulcan, actuellement sous mandat d’arrêt pour violences ayant entraîné la mort, et qui a agressé de nombreux journalistes, militant-e-s et personnalités.
Le programmateur du FIPA n’a même pas pris la peine d’adapter sa présentation du film, et il a repris celle de Doc Aviv, le festival du documentaire israélien qui présente Ulcan comme « un militant sioniste » en lutte « contre les têtes du mouvement antisémite français » sic ! Saisi par de nombreuses protestations de journalistes et de militants victimes de Ulcan, le FIPA a modifié en catastrophe son intitulé, mais persiste sur la qualification scandaleuse d’antisémites pour les militants de la solidarité internationale victimes de Ulcan. Tout cela sent terriblement l’influence directe de la Hasbara, et de ses relais.
Michel Mitrani, en créant le FIPA, avait déclaré que son travail avait consisté à « substituer l’image du monde au monde, par la métamorphose d’un regard toujours subjectif. » C’est aussi pour cela, ajoutait-il, « que j’ai aimé la télévision, par ce qu’elle pouvait ajouter et non dégrader».
En ce qui concerne la dégradation, l’édition 2018 du FIPA restera sans aucun doute dans les annales des programmations de propagande. Avec ce focus sur un régime qui viole le droit international et les droits humains, dans le plus grand silence de la communauté internationale.