Le 14 mai, veille de la commémoration de la Nakba — l’expulsion et la dépossession des Palestiniens — Trump transférait son ambassade à Jérusalem, entérinant la violation du droit par Netanyahou et donnant un message très clair quant à l’impunité de l’État d’Israël. Netanyahou avait bien compris ce message et il s’en est donné à cœur joie aux abords de la frontière avec Gaza se livrant à un massacre contre des manifestants pacifiques et non armés.
Le soir du 14 mai, le président de la République a « fermement condamné les violences commises par les forces armées israéliennes contre les manifestants palestiniens à Gaza ». Quelques jours plus tard, la France a appuyé la résolution du Conseil des droits de l’homme de l’ONU pour « qu’une enquête indépendante et transparente soit conduite ». Et la France a constamment désapprouvé la décision des États-Unis d’ouvrir une ambassade à Jérusalem. C’est dans ces conditions que doit être lancée l’année « croisée » d’Israël en France et de la France en Israël. Une opération dont le premier objectif avoué est, pour Israël, de tenter d’améliorer son image, autrement dit de « blanchir » ses crimes et d’assurer son impunité. Une opération particulièrement indécente, dénoncée par 80 personnalités du monde des arts, et dont nous demandons l’annulation.
Le Premier ministre devait aller inaugurer l’année de la France en Israël le 31 mai. Il vient d’y renoncer, c’est un premier pas que nous saluons. Dans le sens inverse, pour l’inauguration de la saison d’Israël en France, il est toujours prévu, le 5 juin une inauguration conjointe à Paris par le président de la République et le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou.
Il est grand temps que le président de la République passe de la parole aux actes et annule la saison croisée, son inauguration avec Netanyahou, et l’invitation de Netanyahou en France, et ce pour plusieurs raisons :
- Cette saison croisée tombe au plus mauvais moment si on veut envoyer un signal clair à Israël : les crimes de guerre qu’il a commis sont d’une extrême gravité, la tentative de les blanchir par la saison croisée est d’une indécence absolue,
- Netanyahou, criminel de guerre, n’a rien à faire en France,
- La date du 5 juin, l’anniversaire du déclenchement par Israël de la « guerre des 6 jours », qui a conduit à l’occupation de nouveaux territoires par la force et une nouvelle catastrophe, la Naksa, pour le peuple palestinien, ajoute un facteur supplémentaire à cette provocation.
Netanyahou qui refuse d’avance de coopérer avec la commission d’enquête décidée par le Conseil des droits de l’homme, réclamée par la France et par l’ensemble de la communauté internationale, verrait dans le maintien de cette invitation un encouragement à continuer ses crimes.
L’AFPS demande l’annulation de la « saison croisée » France-Israël et de l’invitation indécente de Benyamin Netanyahou à son inauguration. Elle se mobilisera avec ses partenaires pour faire du 5 juin une journée de protestation contre la politique israélienne et une journée de solidarité avec le peuple palestinien.
Il n’y aura pas de paix tant qu’il ne sera pas mis fin à l’occupation et il ne sera pas mis fin à l’occupation tant que durera l’impunité d’Israël. La France a aujourd’hui l’occasion de marquer un coup d’arrêt à cette impunité.
Le Bureau national
24 mai 2018