L’eau : un enjeu essentiel du conflit israélo-palestinien
Jacques Fontaine, MCF honoraire , Université de Franche-Comté
Le problème fondamental concernant l’eau -ressource ô combien vitale- dans cette région du monde est celui de sa répartition entre un « peuple d’élite, sûr de lui-même et dominateur » (Charles de Gaulle) et une population dominée qui ne peut réaliser son légitime droit à l’autodétermination. La question est pourtant simple : comment répartir les ressources en eau entre 8 millions d’Israéliens et 4,5 millions de Palestiniens ?
Mais la réponse est d’une complexité extrême car, au-delà de la question géopolitique de la création d’un État palestinien sur les territoires occupés en 1967 et de sa coexistence avec l’État israélien, il ne s’agit pas de répartir l’abondance, mais la pénurie et, d’autre part, les précipitations, le tracé des fleuves et rivières ainsi que les limites des aquifères souterrains n’ont que faire des frontières politiques. En effet, de par son climat, méditerranéen au nord et à l’ouest, semi-aride à l’est et aride au sud, la région palestino-israélienne souffre d’un déficit chronique en eau : selon un classement établit en 1993 par la Banque mondiale, Israël et Palestine (ainsi que la Jordanie voisine) font partie des 15 pays du monde les moins bien pourvus en eau et souffrent d’une pénurie permanente et grave.
La faiblesse des ressources renouvelables en Israël/Palestine est la question première : elles se montent à un peu plus de 2 milliards de m3, soit à peine plus de 160 m3 par habitant et par an, ce qui en fait l’une des régions du monde les plus mal pourvues (rappelons que le seuil de pénurie est à 1000m3/hab./an). Mais la question la plus importante est celle de la répartition de cette faible ressource : Israël, suite à une politique permanente de récupération de toutes les ressources disponible en accapare plus de 80%, ne laissant que la portion congrue aux Palestiniens ; de ce fait , la consommation par habitant est environ 4 fois plus élevée en Israël qu’en Palestine (300 m3/hab./an contre 75 m3/hab./an. De ce fait, la situation est de plus en plus grave en Palestine, aussi bien en Cisjordanie qu’à Gaza (où la dernière agression israélienne a encore détérioré la situation).
Ainsi, traiter de la question de l’eau en Palestine révèle de manière dramatique l’état actuel de plus en plus insupportable, de plus en plus inacceptable, d’exclusion du droit à la vie, du droit à la santé pour des centaines de milliers de Palestiniens. Rien ne laisse espérer qu’à court terme, la situation puisse changer positivement tant que ne naîtra pas l’État palestinien disposant pleinement de sa souveraineté, de son intégrité et de sa continuité territoriale et surtout tant que la société israélienne Mekorot n’aura pas cédé le contrôle de l’eau de la Cisjordanie. Avec la question de l’eau, la bataille pour le droit au droit que mène le peuple palestinien prend ici sa dimension première : le droit à la vie, un droit universel par excellence.
Le 18-08-2014